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sábado, 2 de octubre de 2010

L’homme en question est le général Mohamed «Toufik» Médiène

General Toufik: ‘God of Algeria’
In Al Jazeera.net

Traduction de notre compatriote Adel H. avec tous nos remerciements.
http://www.lequotidienalgerie.org/

Septembre 2010 marque le 20ème anniversaire du plus ancien «chef des services de renseignement » en fonction dans le monde. L’homme en question est le général Mohamed «Toufik» Médiène, le directeur du Département du Renseignement et de la Sécurité (DRS) de l’Algérie.

Il a été nommé à la tête du DRS en Septembre 1990, 15 mois avant que les «généraux» d’Algérie, ou «le groupe» comme on les appelait à l’époque, qui comprenait Médiène (alors colonel), annule les élections qui auraient porté au pouvoir le premier gouvernement islamique jamais élu démocratiquement.

Être le chef du service de renseignement et de sécurité de l’un des régimes les plus impitoyablement répressifs et corrompus dans le monde durant 20 ans est une performance extraordinaire. Félix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka et précurseur du KGB, «contrôla» effectivement l’Union soviétique pendant neuf ans (1917-1926); Lavrenti Beria, chef du NKVD, la terrorisa pendant 15 ans (1938-1953); le chef de la police de Hitler, Heinrick Himmler, se suicida après 11 ans (1934-1945), tandis que le général Hendrik van den Bergh dirigea le Bureau of State Security (BOSS) de l’Afrique du Sud sous l’apartheid pendant 11 ans (1969-1980). Mediène les a tous surpassés.

Pourquoi alors, juste au moment où Mediène atteint ce jalon extraordinaire, y a-t-il des rumeurs concernant son imminente mise à l’écart?

La réponse, en un mot, est que le fait que le chef du renseignement et de la sécurité d’un pays fasse l’«actualité» est un signe assez certain que son temps est fini. Durant les neuf derniers mois, Mediène a de plus en plus fait l’«actualité», ce qui est en grande partie la conséquence de la lutte qui a éclaté entre Abdelaziz Bouteflika et le patron du DRS, après l’élection de Bouteflika pour un troisième mandat présidentiel en avril 2009.

L’«HOMME FORT» DE L’ALGÉRIE

Pour comprendre cette lutte, nous devons retourner quelques années en arrière. Pour gravir les échelons de la hiérarchie, Médiène eut droit au « tapis rouge» – formé par le KGB en 1961 et soutenu par les chefs du premier service secret de l’Algérie.

Durant les années 1990, lorsque l’Algérie était plongée dans sa «Sale Guerre» contre les Islamistes, l’homme le plus fort du pays était le général Mohamed Lamari, le chef d’état-major de l’armée algérienne. Toutefois, alors que le pays renouait avec la paix et que les chars retournaient dans les casernes, cette distinction échut à Médiène.
Le passage de la «guerre» à la «paix» et l’émergence de Mediène comme «homme fort» du pays coïncidèrent avec la période entourant l’élection de Bouteflika à la présidence en 1999.

Les faiblesses des autres, tels que la propension à la corruption et les penchants sexuels, ont été fondamentaux pour l’exercice du contrôle par Médiène. Il n’est donc pas étonnant que ce qui décida Médiène à accorder son soutien à Bouteflika en 1999 fut le fait que ce dernier avait été condamné en 1983 pour le détournement de quelque 23 millions de dollars en monnaie équivalente d’aujourd’hui des chancelleries de l’Algérie alors qu’il était ministre des Affaires étrangères de 1965 à 1978.

Mediène devint l’«homme fort» incontesté de l’Algérie après les élections présidentielles d’avril 2004 et la mise à l’écart inattendue de Mohamed Lamari quatre mois plus tard. La combine qui aboutit à la mise à l’écart de Lamari comprenait un accord entre Bouteflika et Mediène qui consistait à donner une nouvelle image de l’Algérie en écartant le général le plus haï à cette époque.

Lamari parti, le pouvoir fut effectivement partagé entre Bouteflika et Mediene, le général Smaïn Lamari (aucun lien de parenté avec Mohamed), l’adjoint de Médiène et chef de la Direction du Contre-espionnage (DCE), faisant le «sale boulot».

AMBITIONS GRANDIOSES

Mediène est un homme très secret. Seule une photographie de lui a été publiée et peu de ses paroles, s’il n’y en a jamais eu, ont été enregistrées. On suppose donc que la manifestation de son ambition, si c’était de cela qu’il s’agissait, de prendre le contrôle effectif du pays, commença avec le départ de Lamari de la scène.

Cependant, il y a un enregistrement des dires de Médiène qui donne à penser qu’il avait un sens grandiose de l’importance de sa personne et de son pouvoir bien avant le «départ en retraite» de Lamari.

Ce fut en fut 1999; la circonstance fut la torture et l’interrogatoire par le DRS de Fouad Boulemia, que le DRS prétendait être l’assassin d’Abdelkader Hachani, leader du Front islamique du salut (FIS).

Au cours de son procès controversé d’un jour, en avril 2001, Boulemia décrivit comment, après avoir été torturé par des agents du DRS, Mediène entra et dit: « C’est moi le patron (ana rabha). Tu vas voir ce que je vais te faire. Avoue que tu as tué Hachani et tu auras 15 ans de prison. Tes parents pourront te voir en prison. Sinon, je vais t’emmener chez ta mère et je vais l’éventrer devant toi. Je suis le général Toufik, le Dieu de l’Algérie (Rab Edzayer). »

A part son pouvoir de vie et de mort sur les simples mortels comme lui, les autres attributs divins de Mediène, compte tenu de ses prises d’actions et investissements dans les ressources naturelles et l’immobilier en Algérie, apparaitraient comme étant plus matérialistes que spirituels.

SIGNAL D’AVERTISSEMENT

Les difficultés actuelles du «Dieu de l’Algérie » commencèrent avec l’élection de Bouteflika pour un troisième mandat en avril 2009. Un troisième mandat présidentiel exigeait une modification de la Constitution, que le DRS soutint à contrecœur.

Mais les conséquences de l’élection ne furent pas celles que Médiène avait voulues. A peine Bouteflika fut-il confortablement installé dans son troisième mandat que son «clan», comme on en vint à le connaître, conscient de la mauvaise santé du président, commença à élaborer sérieusement des plans afin de lui faire succéder son frère cadet, Saïd Bouteflika.

Bien que considéré par beaucoup comme un incapable, Saïd Bouteflika était néanmoins en train d’établir une base de pouvoir politique. Il était devenu le « portier » du président, était en fait un ministre-sans-portefeuille et rassemblait des soutiens parmi l’élite affairiste du pays. On parlait même d’un nouveau parti politique qui allait être crée pour lui.

La perspective d’une telle succession dynastique n’était pas ce que le DRS avait en tête quand il avait donné le feu vert pour le troisième mandat de Bouteflika.

Médiène observait le mouvement de Saïd vers le centre de la scène avec dégoût. Bien que le DRS sentît sans aucun doute qu’il ne pouvait gérer le « problème de la succession », Mediène était conscient du risque que Bouteflika, s’étant débarrassé de Lamari au début de son second mandat, pourrait essayer de faire de même avec Médiène dans son troisième.

Le signal d’avertissement parvint à Mediene quand Saïd Bouteflika lia sa campagne à l’ancien patron de la sécurité, le général Mohamed Betchine.

LA CORRUPTION COMME MOYEN DE CONTRÔLE

Bouteflika a été élu pour un troisième mandat en tant que président de l’Algérie en 2009 [GALLO / GETTY]
Betchine avait été chef des services de renseignement du pays et patron de Médiène dans les années 1980, avant la création du DRS en 1990, quand il prit sa retraite en apparence.

Après leur coup d’État de Janvier 1992, les généraux gouvernèrent pendant les deux années suivantes par l’intermédiaire du Haut Comité d’État (HCE). Avec la dissolution du HCE en Janvier 1994, les généraux désignèrent leur propre homme, Liamine Zeroual, en tant que président.

Déterminé à ne pas être le pantin des généraux, Zeroual nomma les généraux Mohamed Saidi Fodil et Mohamed Betchine comme conseillers.

En 1996, Zeroual avait décidé que Médiène était devenu trop puissant et prévu de le remplacer par Fodil. La réaction de Médiène fut rapide: Fodil mourut dans un «accident de la route».

Un an plus tard, Zeroual essaya de nouveau, en décidant cette fois de nommer Betchine comme ministre de la défense afin de se débarrasser de Médiène. Les représailles de Médiène furent encore une fois promptes et péremptoires. Il organisa des massacres de civils à grande échelle – à Raïs, Bentalha, Beni-Messous et ailleurs – amenant l’horreur et la psychose jusqu’aux portes d’Alger. Au même moment, il utilisa la machinerie du DRS pour détruire le business de Betchine et sa réputation, le forçant à démissionner – un homme brisé. Zeroual le suivit.

La réaction de Médiène à la perspective de voir Betchine ramené au pouvoir par une succession échouant à Said Bouteflika a été dévastatrice. Sa stratégie a été de détruire tous ceux qui étaient liés à Saïd Bouteflika en utilisant la combinaison vieille comme le monde entre «corruption» et «chantage». En effet, l’une des raisons qui avaient poussé Médiène à soutenir Bouteflika en 1999 et qui ont fait que la corruption soit devenue si répandue au cours des 10 dernières années est que le DRS l’a encouragée et l’utilise comme un moyen de contrôle.

CHASSE AUX SORCIÈRES

Médiène commença par mettre au jour la corruption à laquelle furent mêlés, dans le projet d’autoroute est-ouest de 12 milliards de dollars, le secteur des travaux publics et son ministre, Amar Ghoul, un ami de Saïd Bouteflika. L’avertissement ne fut pas entendu. L’attaque de Médiène, qui rappelle sa «destruction» de Betchine en 1998, monta donc graduellement en puissance et fut dirigée tout à la fois contre Sonatrach, l’empire pétrolier et gazier géant appartenant à l’État, source de 98 pour cent des rentrées en devises de l’Algérie, et Chakib Khelil, le ministre de l’énergie et des mines, ami intime du président et « symbole » de l’ère Bouteflika.

Le « scandale Sonatrach », qui éclata en Janvier 2010 avec l’arrestation du PDG de l’entreprise, quatre de ses cinq vice-présidents et d’autres cadres supérieurs, eut vite fait de mener aussi bien l’économie que le gouvernement à un état de quasi-paralysie. Bouteflika fut à peine vu en public, tandis que la chasse aux sorcières menée par le DRS, sous-couvert de l’enquête sur la corruption à la Sonatrach, donna des nuits blanches à presque tous les membres des élites politiques et économiques du pays.
À un certain moment, il sembla que Bouteflika pourrait renverser la donne contre Médiène en désignant une « commission de sécurité indépendante » pour enquêter sur certains dossiers des époques antérieures qui n’avaient pas été résolus.

En particulier, la commission chercha à déterminer le rôle joué par le DRS dans les assassinats de Mohamed Boudiaf, le premier président du HCE, et Saidi Fodil.

Deux témoins de haut rang, l’un deux étant un membre d’une unité spéciale du DRS impliquée dans les assassinats de Boudiaf et Fodil, et l’autre un officier militaire de haut rang qui confirma l’existence de cette unité secrète du DRS, confirmèrent dans leurs déclarations que cette unité, sous le commandement global des généraux Médiène et Smaïn Lamari, avait organisé l’«accident» de voiture de Fodil.
Nous ne saurons probablement jamais qu’elle sorte de magie noire a été exercée sur Bouteflika après la publication de ces témoignages, mais il suffit de dire qu’on n’a plus entendu parler de cette commission.

Le remaniement ministériel opéré par Bouteflika en mai 2010 portait en filigrane la trace du script victorieux de Médiène. Chakib Khelil et le ministre de l’Intérieur Nouredine «Yazid» Zerhouni, les deux principaux appuis ministériels de Bouteflika, furent écartés, de même que plusieurs ministres de moindre importance. La proposition de donner la succession à Saïd Bouteflika devint de l’histoire ancienne.

VICTOIRE A LA PYRRHUS

Le fait que Médiène ait réussi à réduire le troisième mandat de Bouteflika à une présidence factice pourrait lui procurer une satisfaction personnelle, mais cette victoire est une victoire à la Pyrrus pour au moins deux raisons.
Premièrement, le scandale Sonatrach et les expositions associées ont eu un coût incalculable pour l’économie de l’Algérie et sa réputation internationale. Deuxièmement, un certain nombre d’autres révélations inattendues ayant eu lieu au cours des deux derniers mois ont été la cause de problèmes particulièrement malvenus pour Médiène.
Ces problèmes ont essentiellement pour origine les entretiens récents de Quds Press avec l’ancien agent du DRS Karim Moulay. Moulay non seulement rappela aux Algériens et au monde l’implication des services de sécurité de l’Algérie dans les massacres des années 1990, mais, pire encore pour Médiène, il témoigna publiquement que Médiène lui-même avait non seulement ordonné le massacre de Beni Messous du 5 septembre 1997, dans lequel quelques 200 habitants de cet ensemble de masures furent massacrés, mais qu’il s’agissait d’une opération « immobilière » défrichement de la terre pour le profit personnel de sa famille.

Moulay déclara également que le DRS, sous le commandement de Médiène, était derrière la planification et l’exécution de l’attaque « terroriste » contre l’Hôtel Asni à Marrakech, au Maroc, qui tua deux touristes espagnols et en blessa un troisième en août 1994. Il reste à voir si l’Espagne ouvrira de nouveau le dossier et comment le Maroc réagira.

Les relations de l’Algérie avec le Maroc sont susceptibles de se dégrader encore plus avec les activités d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI). Le Maroc est conscient de l’implication du DRS dans l’établissement d’AQMI dans le Sahara-Sahel. Maintenant qu’on sait que le ravisseur des trois travailleurs humanitaires espagnols enlevés en Mauritanie en Novembre dernier, Omar Ahmed Ould Sidi Ould Hama, est un membre du Polisario, qui est étroitement géré par le DRS, les affirmations du Maroc que le Polisario est utilisé par l’Algérie, ou du moins le DRS, pour des objectifs «terroristes», apparaissent soudain sous un jour nouveau.

En outre, les articles en nombre croissant qui indiquent qu’AQMI dans le Sahel est une création du DRS suscite un malaise à Washington. Encore une fois, le blâme retombe sur Médiène.

Sur le plan intérieur, on estime que le DRS est mis sous pression, peut-être de la part d’éléments au sein de l’armée et de ses propres rangs, pour le fait que le «terrorisme» dans le nord pourrait empirer, et non régresser ainsi que le prétende le gouvernement, et que les troubles sociaux dans tout le pays atteignent des niveaux alarmants.

Des rumeurs disent que des intermédiaires d’une tierce partie ont parlé avec Médiène et Bouteflika et conclu un accord selon lequel Médiène « prendrait sa retraite » suivi un peu plus tard par Bouteflika pour raisons de santé, le pays devant être gouverné jusqu’aux élections de 2014 par un (des) vice-président(s) qui serai(en)t nommé(s) quelque temps avant le départ de Bouteflika.

L’Algérie vit sous l’emprise de la rumeur, et cette dernière rumeur n’est pas sans rappeler celle du printemps de 2001, qui disait que les troubles Berbères (sic) mettraient un terme à la carrière de Médiène.

Mais en 2001 Médiène fut sauvé par 9/11 – par deux fois. Tout d’abord, il eut la vie sauve le 9 septembre 2001 car il se trouvait dans autre partie du bâtiment du Pentagone en ce jour fatidique. Deuxièmement, il devint immédiatement l’allié clé de Washington dans sa «guerre globale contre le terrorisme».

Il est peu probable que Washington essaie de le sauver maintenant. Après tout, c’est en grande partie grâce aux erreurs du DRS que nous avons été en mesure de raconter l’histoire du comment le front du Sahara-Sahel dans la «guerre globale contre le terrorisme» était une fabrication américano-algérienne.

Jeremy Keenan est un professeur associé de recherche à la School of Oriental and African Studies (École des Études Orientales et Africaines), Université de Londres, et auteur de The Dark Sahara: America’s War on Terror in Africa (Le Sahara sombre : la guerre de l’Amérique contre le terrorisme en Afrique).

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale d’Al Jazeera.
Source Al-Djazira

http://www.lequotidienalgerie.org/2010/09/30/general-toufik-god-of-algeria/

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